Into the Wild, l’histoire de mon frère de Carine McCandless
Rédigé le 21 octobre 2016
Premières phrases du livre :
La maison de Willet Drive est plus petite que dans mon souvenir. Le jardin était beaucoup mieux entretenu du temps de maman, mais les mauvaises herbes envahissantes et les arbustes mal taillés lui donnent une allure de château hanté assez approprié.[…] Fichue baraque.J’ai plusieurs fois lutté contre l’envie d’y retourner dans l’espoir de revivre les moments passés avec mon frère- lui qui me manque terriblement aujourd’hui.
Pourquoi ce livre :
C’est en me promenant dans les rayons de mon libraire que je suis tombée en arrêt devant ce livre. La photo de couverture a attiré mon regard : le magic bus !
Le tristement célèbre bus 142 où Christopher McCandless, un jeune homme de 24 ans, a perdu la vie en réalisant son rêve de vivre en harmonie avec la nature.
En tant qu’amoureuse des Grands Espaces et du Grand Nord, s’il y a bien une histoire qui m’a marquée, c’est bien celle de Christopher McCandless. Elle nous est racontée par le journaliste Jon Krakauer qui a réussi à retracer les dernières années vagabondes de Chris.
J’ai lu ce livre dès sa sortie en grand format, il y a bien longtemps. Puis il y a eu la magnifique adaptation cinématographique de Sean Penn. Une adaptation tellement réussie qu’elle surpasse amplement le livre (pour moi). Ce film fait partie des DVDs que je me repasse tous les ans quand le froid arrive, bien calée sous ma couette.
Un véritable hymne à la liberté, cette histoire, même si la fin est terrible. Un de mes rêves est de marcher sur la Stampede Trail et de passer la nuit dans le magic bus, mais je ne pense pas que j’aurai le courage de le faire un jour puisque pour y parvenir, il faut traverser la rivière Teklanika, cette même rivière qui a empêché Christopher de repartir et qui a causé sa perte. Il est hors de question que je traverse à pied cette rivière (à faire, bien évidemment, avec un guide qualifié et seulement à certaines périodes de l’année). J’ai peur de traverser les rivières à gué, j’ai été obligée de le faire une fois dans les Pyrénées lors d’une randonnée, c’était un petit torrent d’à peine de 2 m de large et 40 cm d’eau, mais les conditions climatiques m’ont traumatisée, bref je m’égare…
Ce livre est donc écrit par sa sœur Carine McCandless pour nous raconter la véritable histoire de son tristement célébré grand frère.
Alors qu’il est « adulé » dans le monde entier par de nombreux amoureux de la nature, j’ai appris dernièrement qu’aux USA, Christopher McCandless n’était pas très apprécié, voire était même dénigré. Qu’il était jugé comme un jeune inconscient, égoïste, et que ce qui lui était arrivé, il l’avait cherché. Quelle ne fut pas ma surprise en apprenant cela ! On lui reproche – entre autres – d’avoir coupé les ponts avec ses parents et par là-même de les avoir fait souffrir en ne leur donnant pas de nouvelles.
Ces mêmes parents qui n’ont pas hésité à répondre à différents ITW dans ce sens après la parution du livre et du film dédiés à leur fils. Et cela, Carine McCandless ne peut plus le supporter, c’est donc pour rétablir la vérité qu’elle sort du silence et nous livre : «Into the Wild, l’histoire de mon frère. »
Dans ce livre, on découvre surtout l’histoire de Carine. On y apprend qu’elle a beaucoup collaboré avec Jon Krakauer pour l’écriture du livre de celui-ci. Ils ont eu de très longues et de très nombreuses conversations. Lors de cette collaboration, elle s’est énormément confiée et elle a fait promettre au journaliste de ne pas révéler certains faits qu’elle ne souhaitait pas rendre publics. C’est justement l’omission de ces faits qui font que certaines personnes ne comprennent pas la démarche de Christopher et le font passer pour quelqu’un d’égoïste envers ses parents.
Parce que les parents, je vous le dis clairement, sont de vrais psychopathes ! Autant la mère que le père ! En lisant les faits rapportés, j’étais complètement abasourdie !
L’enfance de Carine et Christopher se passe dans la peur : des crises d’angoisse, d’intimidation, de violence, de mensonges, des reproches incessants. Franchement, ce qu’ils ont vécu est à peine croyable et l’on se dit que ce n’est pas étonnant qu’à la première occasion, Christopher ait fichu le camp et coupé les ponts avec sa famille.
À l’époque, Carine ne souhaitait pas que cela se sache, pour épargner ses parents. Mais ceux-ci sont rentrés dans le jeu des gens qui leur disaient que Chris était un fils indigne et ont joué les pauvres victimes.
Carine ne l’a pas supporté et auprès de nombreuses tentatives de réconciliation, elle a finalement définitivement coupé, elle aussi, les ponts avec eux.
Dans ce récit, on apprend aussi à connaître cette sœur qui souffre beaucoup du manque de son frère, ils étaient très proches tous les deux. C’est une fille courageuse qui m’a beaucoup touchée.
« Into the wild l’histoire de mon frère » est un livre bien écrit, facile à lire et passionnant !
Un ouvrage que je recommande à tous les fans d’Alexander Supertramp ainsi qu’à tous ses détracteurs !
Pour finir je ne résiste pas à l’envie de vous faire écouter un morceau de la sublime B.O qui m’a accompagner pendant ma lecture. J’aime particulierement cette version live de « Society » d’Eddie Vedder.
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Into the Wild, l’histoire de mon frère de Carine McCandless est publié dans la catégorie Document, Récits de voyages avec le(s)
Oh tu ne savais pas qu’il était décrié ? Moi si, mais bon j’ai vécu là-bas et au Montana et mon ami est parti en Alaska – même Sean Penn avait du le défendre à l’époque car oui, on lui reprochait son choix de vie, d’avoir coupé les ponts, etc. Alors qu’ici (fort heureusement) il est connu à travers le roman et le film donc plus proche de l’avis de sa sœur. En tapant ces mots, la voix métallique d’Eddie Vedder me revient ! j’adore la musique du film aussi.
Non, je ne savais pas. Je n’ai pas eu l’idée d’aller farfouiller sur le net. C’est en découvrant ce livre que je suis allée voir, j’ai été vraiment surprise, car même si certains le sentent dans le film, moi pas du tout. Surement parce que j’enviais son courage. Le plus terrible dans l’histoire c’est que c’est ses parents qui ont contribué à cette mauvaise réputation alors que finalement tout cela est de leur faute! Il aurait vraiment fallu les enfermer dans un asile psy, je te le dit ! Ah tu lu ce livre?
Ah la BO de ce film m’accompagne puis des années. Je l’adore. J’ai d’ailleurs lu ce livre avec elle en toile de fond..
Cela me fait penser que je souhaitais la mettre dans mon article et que j’ai oublié ! voilà c’est choses faire à présent.
Oui, j’avais lu, il y a quelques années de ça, qu’il était plutôt décrié. Et ça ne m’a pas étonné, lorsqu’on a regardé le film, en famille, tout le monde avait son mot à dire, et un avis assez tranché sur la question. Je pense qu’en effet, son projet était parfaitement égoïste et il était clairement mal préparé ( s’est-il vu trop beau ?). Malgré tout, le réduire à ça, c’est omettre, en effet, tout ce qui a pu le pousser violemment dans ses retranchements. Je n’ai pas lu le livre de sa soeur, je ne savais même pas qu’il existait, pour tout te dire ( et j’ai bien envie de filer chez mon libraire !), mais dans le film, on entrevoit déjà cette réalité parentale, violente et qui semble n’avoir laissé aucune place à l’enfance. Des sentiments remplacés par de l’argent, il n’y avait rien de pire pour lui.
Bel article en tout cas, je vais mettre de livre sur ma (loooongue) liste.
Peut-être changeras-tu d’avis sur Christopher après cette lecture… le père est un vrai psychopathe et tu ne trouvera plus son projet égoïste.
Je n’ai pas lu l’ouvrage de Carine MacCandless mais je suis plus partagé que toi.
L’égocentrisme de Christopher transparaît dans le livre de Krakauer, beaucoup plus que dans le film.
Égocentrisme ou égoïsme, vis-à-vis de ses parents comme de sa soeur.
Accessoirement il est mort, ce qui a bien souvent pour effet d’effacer les rancœurs.
Enfin, n’oublions pas qu’aux US plus qu’ailleurs, l’argent et toi. Quelques recherches sur le web nous montrent que Carine MacCandless tire une partie de ses revenus de la mémoire de son frère.
Merci pour m’avoir envoyé ton forum. Je vois que tu lis beaucoup de romans de voyages, beaucoup me tente, je vais faire une bonne liste 🙂
Bonne découverte alors 🙂
Bonjour,
En préambule, je veux dire que j’ai lu le livre de Jon
Krakauer et le film de Sean Penn, et ce plusieurs fois, pour les deux.
Passionné par les récits de voyages, le parcours de ce jeune homme m’avait ému et intéressé et c’est vrai que souvent revenait dans les discussions de ceux qui découvraient le film, l’aspect « égoïste » de son choix de « couper les ponts » avec sa famille. En découvrant ce livre de la soeur de Chris McCandless, j’espérais me rapprocher un peu de ce dernier, en saisir un peu mieux la trajectoire. Je ressors de cette lecture très très gêné car même si on mesure mieux l’ampleur de la toxicité du comportement du couple McCandless dans la première moitié du récit, le reste du texte qui ne concerne que la vie de Carine McCandless est très complaisant. En témoigne, en tête de la longue liste de remerciements de l’auteure, des remerciements pour… ses parents.
Je mesure la difficulté pour chacun qui y est confronté de rompre avec des parents toxiques et/maltraitants mais faire tout un livre pour « rétablir la vérité » (Le titre originale est « The wild truth » – le titre français « L’histoire de mon frère » est d’ailleurs très abusif), en dévoilant toutes les turpitudes d’un couple pour finalement, le remercier, cela paraît très étrange, mais finalement dans la continuité de l’impossibilité de Carine McCandless de rompre avec ses parents.
Chris McCandless est le grand absent du livre et c’est peut-être heureux pour lui, car à la fin de la lecture, je repense aux mots prononcés par les étudiants amis de Chris McCandless, lors de la veillée de ses obsèques et devant les tableaux retraçant la jeunesse du jeune homme et au milieu de la « représentation familiale » : « Chris aurait détesté ça. » (p173)
On peut aisément les croire.
Mickael
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